Les voisins

Jaseur d’Amérique, marais Tylee

Visiteur silencieux — Jaseur d’Amérique au marais Tylee

Le printemps sur la rivière des Mille Îles se révèle dans les gestes les plus discrets — un frémissement dans les roseaux, un éclair d’ailes, le chuchotement du vivant qui revient au bord de l’eau. Parmi ces messagers paisibles, le Jaseur d’Amérique se distingue, vêtu de tons soyeux de caramel et de cendre, rehaussé d’un éclat rouge cireux et d’un jaune vif, comme la caresse finale d’un pinceau.

Perché ici contre les troncs gris encore nus, il contemple ce monde en dégel, immobile et attentif. Pas encore de fleurs, ni de baies sucrées — mais il sait venir tôt, se nourrir des premiers frémissements : insectes attirés par la tiédeur, bourgeons gonflés de promesses.

Cette image saisit bien plus qu’un oiseau. Elle capture une pause — entre le dernier souffle de l’hiver et le premier soupir du printemps. Un rappel que la beauté précède parfois l’abondance, et que regarder est déjà une forme de grâce.